Disparition de Rolland Delom le non-voyant qui montrait la voie à tous

Carnet noir Le 22 mars 2015, Rolland Delom s'était fait accompagner de Cathy, en fauteuil roulant, pour aller voter. Comme tout un chacun./ Photo A. Barréjot.

Le 22 mars 2015, Rolland Delom s'était fait accompagner de Cathy, en fauteuil roulant, pour aller voter. Comme tout un chacun./ Photo A. Barréjot.
Article issu du journal "La Dépêche du Midi" du 28/02/2018

L'ancien président du comité des Hautes-Pyrénées de l'association Valentin-Haüy n'est malheureusement pas parvenu à remporter le combat qu'il avait engagé contre la maladie, au terme de très longs mois d'une courageuse lutte.

Courageuse, engagée, comme l'était son existence auprès d'autrui. Guide des malvoyants, des élus, des administratifs, des journalistes… Inlassablement, pédagogiquement, aimablement, techniquement, Rolland Delom a ouvert la voie durant des années.

Tous les premiers jeudis du mois, on était à peu près certain de le trouver à la permanence de AVF 65, à la Maison des associations de la rue du 4-Septembre où sont accueillies depuis dix ans les personnes en situation de handicap visuel, ou qui vont devoir faire face à la malvoyance.

Rolland Delom ne manquait jamais non plus de solliciter gentiment (avec finesse) nos rédactions afin de promouvoir de minisalons locaux lors desquels étaient présentées les toutes dernières nouveautés en matière d'accompagnement ou de facilitation de la vie des malvoyants.

En retour, tout aussi gentiment, le président d'alors d'AVH répondait à nos sollicitations. Comme ce jour de fin mars 2015. Un dimanche d'élections. À défaut de bourdon du pèlerin, il avait pris celui, blanc, de son quotidien pour nous faire partager le calvaire des personnes en situations de handicap pour se rendre au bureau de vote, d'abord, pour exercer ensuite ce qui n'est vraiment pas un «simple» geste de citoyen. Comme pour mieux enfoncer le clou, et pour montrer que le handicap n'est pas singulier, il avait choisi Cathy comme guide. Cathy Maraldi et son fauteuil roulant. Parce que ce jour d'élection était un dimanche, comme d'habitude. Et le dimanche, il n'y avait pas de service public de transport adapté. Et une fois dans le bureau, Rolland Delom avait dû faire travailler sa mémoire, retenir l'ordre dans lequel les bulletins lui étaient donnés. «Il devrait y avoir des bulletins en braille ou des scanners à synthèse vocale pour permettre de voter seul.»

Ainsi était Rolland Delom, dont les obsèques religieuses seront célébrées ce vendredi 2 mars, à 11 h 15, en l'église Saint-Jean. Soit dix ans, presque jour pour jour, après l'appel des Ni pauvres, ni soumis, le collectif des associations de personnes en situations de handicap qu'il avait contribué à animer, ici. Rolland qui aura réussi ce dernier tour de force : à l'annonce de sa disparition, nous avions tous les mêmes yeux, noyés de larmes. À ses parents et alliés, à la nouvelle équipe d'AVH 65, nos rédactions présentent leurs très sincères condoléances.

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